Je serai planteuse de plantes, princesse, ou maîtresse!

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Toute petite déjà, je l’avais bien dit: je serai planteuse de plantes (mes parents sont horticulteurs, j’ai vite déchanté quand j’ai réalisé les difficultés qu’engendraient ce métier…), princesse (ben quoi, que toutes celles dont la petite fille ne chante pas « libéréeeeeee, délivréeeeee », me jette la première pierre:)) … et ne me remerciez pas pour le petit air qui vous quittera dans quelques heures !), ou maîtresse!

J’ai toujours aimé être au contact des enfants, les aider à grandir en apprenant,je pense aussi que deux de mes enseignants de primaire (deux hommes qui avaient vraiment la fibre avec les bambins, qui nous faisaient rire, qui nous emmenaient en randonnée, qui nous racontaient des histoires fantastiques et nous lançaient des défis « concours arts plastiques y sont pour quelque chose !) alors au collège, puis au lycée, ma vocation s’est confirmée… Je VOULAIS devenir enseignante. Pas pour l’argent (et oui, je ne serai jamais riche), pas pour les vacances (et oui, je travaille même à ce moment là, et j’ai mes enfants qui sont toujours dans mes pattes malgré tout l’amour que je leur porte) mais pour eux!

J’ai donc fini par passer le BAFA à 17 ans , histoire d’avoir un pied dans le métier… Bon ok, j’ai détesté; j’étais trop jeune je pense, trop effacée, pas un leader, je n’appréciais pas le cadre festif des centres aérés ou des colonies… Mais j’aimais enseigner alors je me suis dirigée vers une formation littéraire, à la faculté, avec des options liées à la psychologie de l’enfance. Ecole pour préparer le concours après ma licence (à l’époque des dinosaures!) puis concours que j’ai réussi du premier coup, ouffff: dans mon académie, il y avait très peu de places pour un sacré paquet d’étudiants. Bref, ça y est je touchais du doigt mon projet professionnel !

En 2003 donc, j’ai commencé à enseigner, avec toute ma bonne volonté et la fougue due à mes 22 ans ! J’ai écumé le département en tant que ZIL (remplaçante au jour le jour), puis j’ai travaillé dans de multiples écoles et sur tous les niveaux , de la petite section de maternelle jusqu’au cm2. Je montais des projets pour deux jours, je me baladais en voiture avec trois cartons pleins de classeurs et cahiers et ma carte du département, je n’avais pas MA classe à moi et je détastais ça mais je m’investissais comme si était le cas. J’étais proche de mes élèves, si nombreux soient-ils, mais parfois un peu froide aussi, je l’avoue.

Et puis je suis devenue maman… Et ma vision de l’enseignement a changé. Plus maternante malgré les mises en garde de certains collègues , plus douce et à l’écoute aussi. J’ai toujours préféré les plus petits, mais la maternelle est très prisée et j’ai eu peu d’occasion d’y dispenser mon enseignement , me contentant d’un jour par-ci, un jour par là; Je travaillais, de mon côté souvent, en mettant en place des stratégies d’enseignement qui plaisaient à mes élèves car assez ludiques, mais je redoutais les plus grands, avec qui j’ai finalement adoré travailler il y a quelques années.

alors en 2017, lors du mouvement des enseignants (c’est le moment au cours duquel ces derniers font des voeux d’école, de niveau, de commune, et au terme duquel on leur octroie un poste « définitif » ou un poste qui ne durera que le temps d’une année, ce à quoi j’ai eu droit pendant 13 ans ), j’ai décidé de demander à travailler dans des écoles au sein desquelles je serais susceptible d’avoir des classes de CM. « Trop bien, ils ont tant d’humour, on s’éclate avec eux! Finalement les grands c’est sympa  » Mais il faut savoir que dès lors qu’on n’a pas de poste, on est forcé d’élargir nos choix à des zones ou des niveaux d’enseignement . J’ai donc, en étant persuadée de ne rien obtenir parmi mes voeux, semé quelques choix en maternelle…

Et bim! Madame M, vous êtes nommée sur l’école Youpi dans la commune de Onvasmarrerici! « Quoi? Il y a une erreur, ce n’est pas possible, c’est de la maternelle! »  Panique 1: « zuttt je m’étais dit que je voulais des grands » Panique 2 : je contacte l’école Youpi et on me répond que oui, c’est bien un poste en maternelle , une classe de PS-MS-GS:  » de quoi???? Triple niveau ???? » Panique 3 : « oui oui madame vous allez travailler avec la seconde maîtresse de maternelle, Madame Wonderteacher, formatrice au sein de l’ESPE ( l’institut qui forme les futurs enseignants, juste ça quoi!). Okkkkk, les vacances arrivent , je ne vis plus, je passe mon temps à chercher quoi faire pour gérer mon triple niveau… Et un beau jour, je croise une amie qui me dit « ohhh tu seras en triple niveau!? « C’est dommage tu as loupé la conférence de Céline Alvarez, tu devrais acheter son livre qui t’aiguillerait bien pour gérer ta classe! » (« Qui c’est celle-là? Encore une qui a tout inventé? »; et oui , sans le savoir j’avais déjà un pied dans sa pédagogie mais je ne connaissais pas son nom!).

Lecture du livre, navigation sur son site, et là : révélation… Je n’enseignais pas avec les méthodes de la vieille école, ni comme une pro Montessori même si j’aimais piocher des idées un peu de partout, je faisais un joli gloubiboulga avec tout ça et ça me plaisait!Mais là, c’était formalisé, c’était affiné, il y avait tant de possibilités et de bénéfices à tirer pour les élèves… J’en ai donc parlé à ma future collègue d’école, laquelle, je ne le savais pas, pratiquait déjà cette pédagogie dans sa classe. Bonheur, je pouvais apprendre et partager avec elle tout en prenant mes marques dans ma nouvelle classe!

Ce que j’ai fait: voilà deux ans que c’est MA classe, et que je ne changerai de niveau pour rien si on me le proposait; deux ans que je découvre la magie des interactions inter-âges, la stimulation des plus petits au contact des plus grands, l’autonomie et les maturité de mes presque CP qui avancent à un rythme incroyable. Les enfants jouent en classe, partagent, apprennent avec moi et avec leurs pairs.

Je me renouvelle sans cesse grâce à mon envie de bien faire, mes collègues toujours présentes et nombreuses, les échanges via les réseaux sociaux…

Je me lève le matin certes fatiguée puisque le réveil sonne à six heures (je ne vous avais pas dit que j’avais aussi trois enfants,:)) ) heureuse à l’idée de retrouver mes nains et capable pour les faire rire, d’arriver en pyjama à l’école.

Bref, j’aime mon métier, il est dur, nerveusement, je suis assommée de paperasse, je suis parfois confrontée à des familles qui ne m’aident pas, je mange école, je dors école, je ne débranche jamais et je culpabilise les rares fois où je suis dans l’incapacité d’aller travailler et suis forcée de laisser ma classe,  j’ai quelquefois baissé les bras et voulu arrêter, j’ai pleuré et puis, j’ai trouvé MA voix, celle qui me rend fière et fait progresser encore plus vite mes petits bouts.

Je suis maîtresse, je ne suis pas une princesse, mais j’en suis une aux yeux de mon mari et de mes enfants, c’est déjà pas mal nan?

21 commentaires sur “Je serai planteuse de plantes, princesse, ou maîtresse!

  1. Que j’aime te lire ! D’autant plus quand ça parle enseignement ! Tu es effectivement une princesse aux yeux de ton chéri et de enfants mais tu l’es aussi très certainement aux yeux de tes élèves ! Et c’est peu dire… Ils ont beaucoup de chance d’avoir une maîtresse aussi investie et bienveillante (maître mot de l’EN non ?) J’aimerais énormément que mes enfants aient une maîtresse comme toi avec toujours de jolies nouveautés qui donnent envie d’apprendre. J’espère qu’un jour je pourrai trouver un tel équilibre en étant prof de langues dans le 2nd degré… même si mes élèves ne me verront absolument pas comme une princesse haha !

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  2. Je rêve que Charlie ait une maîtresse comme toi !!
    On sent la vraie vocation et la passion chaque fois que tu parles de ton métier, c’est hyper rassurant de se dire qu’il existe des personnes comme toi pour accompagner nos petits chats !

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  3. Wouhaw! Ton article est vraiment touchant. Je suis une jeune enseignante (qui te suit aussi sur Instagram 😉), j’étais PES l’annee dernière et ZIL cette année (donc deuxième année en tant que maîtresse). Pour le moment être ZIL me convient car je vais découvrir plein de fonctionnements différents. 😊 Je me retrouve un peu dans tout ce que tu dis, mais être ZIL pendant 13 ans me fait peur, j’aimerais tellement avoir ma classe! En tous cas, ton enthousiasme est communicatif, je voulais faire cette profession pour les mêmes raison que toi. Ça me conforte dans l’idée que je m’étais faite de ce métier! 😊 Et surtout ça donne envie de toujours plus donner et s’investir! 😊
    Merci pour ce joli article! 😊

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    1. Quel plaisir d’avoir ce genre de retour! Merciii ! Tu sais , je m’en suis plainte mais faire office de zil et compléter des décharges pendant des années à effectivement été sacrément formateur pour moi , et m’a permis de savoir ce qui me plaisait vraiment !

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  4. Et ben moi j’aurais voulu que tu sois la maîtresse de mes nanas. On sent tellement à travers cet article tout ton investissement et ta passion pour ton métier.
    Bises jolie maîtresse Audrey!

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  5. Merci pour ce bel hommage à ce métier, cette vocation, devrais je plutôt écrire, que nous avons en commun. J’ai aimé te lire et je me suis retrouvée à maintes reprises dans tes propos. Allez, ouste, au lit, car dans 4h je serai devant mes cm1/cm2, et je dois être au taquet…

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  6. Tellement fan ! Je me retrouve dans certaines de tes phrases, tu racontes ton rêve comme si c’etait le miens 🙈 moi qui rêve d’être instit depuis toujours mais qui n’a pas eu le concours à cause des maths (ma bête noire) un jour je retenterai quand j’aurais plus de temps car avec le suivi des garçons c’est compliqué

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  7. Déjà ultra méga fan de ton compte insta mais là un blog ca c’est juste GENIAL ! Tu es un sacré bout de femme chère Audrey…continue à nous apporter tant de bonheur à te lire et découvrir tes sublimes clichés.
    Bisous Pascale (mysweetconcept)

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